Nous avons récemment écrit un article de blog sur les traumatismes vécus par les parties qui se représentent elles-mêmes devant les tribunaux (en anglais seulement). Nous nous penchons maintenant sur l’impact des expériences vécues pendant l’enfance dans le système judiciaire.
Un rapport de recherche informatif de Melissa Corbett intitulé : Adverse Childhood Experiences and the Justice System, a été récemment publié sur le portail A2J (en anglais seulement). Ce rapport donne un aperçu de la façon dont les expériences de la petite enfance façonnent notre cerveau et influencent le reste de notre vie.
Selon le rapport, les enfants qui connaissent des liens de qualité et des interactions positives développent des fonctions exécutives saines. D’autre part, les interactions négatives vécues pendant l’enfance entraînent des connexions neuronales néfastes dans le cerveau, ce qui se traduit souvent par des résultats sociaux moins bons.
Ces interactions négatives sont appelées Expériences négatives dans l’enfance (ENE) et ont de graves répercussions sur le développement du cerveau. Une exposition prolongée ou fréquente aux ENE peut entraîner un stress toxique qui conduit souvent à des maladies telles que le cancer, le diabète, l’obésité, les maladies du cœur, l’anxiété, la dépression et l’usage de drogues.
Les ENE sont divisées en trois catégories :
La maltraitance
- Elle englobe la maltraitance physique, psychologique et sexuelle.
Les difficultés dans le ménage
- Il s’agit de difficultés vécues par tout membre du même foyer que l’enfant et elles comprennent la toxicomanie, le divorce des parents, la maladie mentale, l’activité criminelle et une situation dans laquelle la mère/tutrice est traitée avec violence.
La négligence
- Elle englobe la négligence psychologique et physique.
De nouvelles recherches ont mis en évidence des catégories supplémentaires telles que le traumatisme historique, la discrimination raciale, la pauvreté et l’itinérance.
Il est important de noter que les ENE ne sont pas assimilables aux traumatismes subis durant l’enfance. Le traumatisme est une conséquence possible des ENE, mais toutes les ENE n’entraînent pas un traumatisme.
Il est possible d’éviter que les ENE ne se transforment en traumatismes grâce à une intervention précoce sous forme de soutien aux aidants et de relations positives. Il existe également des options de traitement pour les traumatismes et l’exposition aux ENE pendant l’enfance. Il s’agit notamment de :
Pratiques tenant compte des traumatismes (PTCT)
- Cette méthode se concentre sur la création d’espaces sûrs pour les enfants ayant subi un traumatisme et des ENE. Elle offre un environnement tenant compte du traumatisme au sein duquel tout le personnel est sensibilisé au traumatisme et à ses conséquences. L’objectif principal est d’éviter de nouveaux traumatismes.
La « Brain Story Approach »
- Il s’agit d’une option de traitement offerte par l’Alberta Family Wellness Initiative (AFWI). Selon l’AFWI, le fait de comprendre quand et comment soutenir les familles peut changer leur histoire, favoriser une vie plus saine et bâtir des communautés plus fortes, tout en réduisant le risque de maladie mentale et/ou de toxicomanie. La « Brain Story Approach », comme les PTCP, est également axée sur la prévention de nouveaux traumatismes.
Les ENE entraînent souvent des problèmes de santé à long terme. Ce qui provoque ensuite une augmentation des dépenses de santé du gouvernement, et par conséquent des difficultés économiques de ses citoyens. Cela crée un cercle vicieux puisque les enfants vivant dans la pauvreté sont plus susceptibles de subir des ENE. Selon le rapport Scotland Children’s Wellbeing Report, au lieu de s’occuper des conséquences des ENE sur la santé, les gouvernements devraient réaffecter des fonds à la prévention de la pauvreté infantile, ce qui permettrait également de prévenir les problèmes de santé à long terme.
Le système judiciaire contribue grandement aux ENE chez les enfants lorsqu’il s’agit de questions telles que le divorce, l’incarcération des parents, les conflits sur la garde des enfants, l’adoption, la migration et la violence. Les enfants de parents divorcés ou dont les parents sont séparés sont plus vulnérables aux maladies mentales et chroniques. Il en va de même pour les enfants séparés de leurs parents en raison de l’incarcération d’un parent, de la perte de la garde, etc. Lorsqu’un aidant est absent ou peu fiable, l’enfant est susceptible de développer des styles d’attachement anxieux ou évitant qui affectent ses relations ultérieures dans la vie.
Le système judiciaire canadien est axé sur un système accusatoire qui crée souvent plus de stress. Le Conseil de l’Europe recommande une justice adaptée aux enfants ; un système qui garantit le respect et la mise en œuvre des droits de l’enfant. L’Alberta Family Wellness Initiative (AFWI) s’efforce également de réformer le système judiciaire par le biais de la sensibilisation et de l’éducation, afin d’aider les parents à aborder le divorce en pensant aux enfants, et à privilégier un règlement à l’amiable lorsque cela est possible. L’AFWI a mis en place des programmes tels que le Family Justice Navigators (Navigateurs de la justice familiale) et la Multi-Agency School Support Team (MASST) (Équipe de soutien scolaire multi-agences), qui collaborent avec les avocats plaidants et la police pour soutenir les enfants et les jeunes à risque, en dehors des tribunaux.
Le Reforming the Family Justice System Lab (RFJS) (laboratoire de réforme du système de justice familiale) recommande également une réforme de la justice par le passage d’un système accusatoire à un système centré sur la collaboration avec les communautés autochtones et les connaissances traditionnelles.
Le 1er juillet 2020, la Loi sur le divorce du Canada a été modifiée pour remplacer le terme « ordonnance de garde » par « ordonnance parentale ». Ce changement de langage devrait permettre de réduire les conflits entre les parents. Une modification a également été apportée pour obliger les avocats à encourager leurs clients à résoudre leurs différends par l’intermédiaire de médiateurs avant d’aller en cour. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a mis à jour sa Parenting and Support Act pour s’aligner sur les réformes fédérales. La Nouvelle-Écosse dispose également du SeaStar Child and Youth Advocacy Centre (à l’IWK de Halifax) qui collabore avec les forces de l’ordre et les services sociaux afin d’offrir un environnement sûr aux enfants qui ont pu être victimes d’abus.
Je vous recommande vivement de lire le rapport complet (en anglais seulement) pour avoir une compréhension approfondie de l’intersection entre les ENE et le système judiciaire.
Pour plus d’informations, voir The Brain Story (en anglais seulement) de l’Alberta Family Wellness Initiative ainsi que le site Web de Reforming the Family Justice System Lab (en anglais seulement).
Plus de nos ressources en français
Dites-nous ce dont vous avez besoin ! https://s.surveyplanet.com/umhhjkt9
Naviguer dans le système de justice civile, Aller à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse: https://nsrlpe.com/wp-content/uploads/2022/03/Naviguer-dans-le-systeme-de-justice-civile.pdf
10 Conseils pour une Relation Avocat-Client Rentable https://nsrlpe.com/wp-content/uploads/2022/04/10-Tips-for-a-Cost-Effective-Lawyer-Client-Relationship-FRENCH-EV.pdf